dimanche 23 décembre 2007

The Masterplan



Take the time to make some sense
Of what you want to say
And cast your words away upon the waves
Bring them back with Acquiesce
On a ship of hope today
And as they fall upon the shore
Tell them not to fear no more
Say it loud and sing it proud
And they...

Will dance if they want to dance
Please brother take a chance
You know they're gonna go
Which way they wanna go
All we know is that we don't know
What is gonna be
Please brother let it be
Life on the other hand won't let you understand
Why we're all part of the masterplan

I'm not saying right is wrong
It's up to us to make
The best of all things that come our way
And all the things that came have past
The answer's in the looking glass
There's four and twenty million doors
Down life's endless corridor
Say it loud and sing it proud
And they...

Will dance if they want to dance
Please brother take a chance
You know they're gonna go
Which way they wanna go
All we know is that we don't know
What is gonna be
Please brother let it be
Life on the other hand won't let you understand
Why we're all part of the masterplan

(Oasis, The Masterplan, in The Masterplan, 1998)

23 décembre à montréal

La pluie tombe à grosses gouttes sur le toit en tôle de mon petit balcon. On entend les autos éclabousser les trottoirs lorsqu'elles roulent dans les nids-de-poules gorgés d'eau. Il y a 3 jours à peine, toute ma rue était encore recouverte de neige. Une semaine à ce rythme là et il n'en restera plus une trace. Le paysage commence déjà à changer. Tout s'efface. La pluie emporte tout avec elle. Le ciel pleure sur tout cela. La lune n'est même pas là pour en rire...

21h30. Dimanche 16 décembre. Tu me tenais dans tes bras. Petite boule de Noël en verre transparent. Petite bulle de bonheur. En appui sur nos orteils, nous avons contemplé ces rêves qui prenaient forme. Nous avons doucement soufflé sur la braise. Nous nous sommes bercés de nos solitudes conjuguées. Il neigeait. De gros flocons tombaient sans bruit sur la 3e avenue. Les chats regardaient, l'air amusé, la vie mettre ses habits de noces.

Et puis le tableau blanc aux fines rayures blanc cassé de Serge n'est plus devenu qu'une toile blanche; une simple toile tendue sur un châssis de bois, ne renvoyant d'autre image que la légère aspérité de sa surface.
Un tableau blanc avec de fins liserés blancs transversaux.

Il pleut en ce dimanche 23 décembre, veille du réveillon de Noël.
Comme le temps sait épouser nos sentiments....! Cela m'étonnera toujours.
Il pleut en ce 23 décembre, jour de ton départ sur un chemin que je n'emprunterai pas avec toi.
Les arbres font danser leurs branches dénudées, pour me prouver que les choses continuent d'avancer, que le temps ne s'est pas arrêté.

Il pleut sur Montréal. Il pleut à grosses gouttes. Si fort et depuis de si bonne heure que mes yeux n'ont même pas la force de couler.
Je redoute le jour où la pluie cessera de tomber...

Life sucks!

Mettre de la crème: capable.
Se faire à manger: capable.
Aller au cinéma: capable.
Acheter des cadeaux de Noël: capable.
Partir en vacances: capable.
S'endormir dans un grand lit froid sans angoisse: capable.
Planter des clous: capable.
Aller danser: capable.
Jouir: capable.
Déblayer la neige: capable.

Bon, et bien voilà, en fait, la vie n'est pas si pire que ça... Je suis plus fonctionnelle que je ne le crois....

mercredi 12 décembre 2007

aspiration

Parfois, il n'y a rien de mieux qu'un petit coup d'aspirateur et une bonne pile de repassage pour chasser les angoisses au loin (au moins pendant quelques heures...).

mardi 4 décembre 2007

Jour X.
Pas plus de 4. Quatre jours, quatre.
Et au bout de l'attente (si minime soit-elle, j'en conviens), un premier pas vers l'inconnu(e).

jeudi 29 novembre 2007

Jour 3

Cette histoire est on-ne-peut-plus romanesque en fait. Tout pour plaire à l'aspirante-héroïne que je suis...

mardi 27 novembre 2007

Jour 1

Charlotte Gainsbourg nous donne l'heure: 5.55.
C'est à peu près à ce moment là que tu me l'as dit.

Ils viennent tous de partir. je me retrouve seule dans mon salon. Plus de personnages derrière lesquels se cacher. Plus d'amis avec qui faire semblant de rire.
Trop plein de sentiments, d'émotions. Le vide les aspire tous. Silence sur mon île d'un seul coup. Absence de vie. Faiblesse dans mes doigts. Retour à moi-même.

Tu es là, à une virgule de moi.
Tu es là, contre moi.
Tu es moi. (lapsus qu'il ne faut pas effacer)

Pas de message ce soir. Ni demain matin.
Du temps, tu en auras. Je te laisserai respirer; te trouver.
Point-virgule, si tu veux.

Au bout de la ligne, je serai toujours là.

samedi 24 novembre 2007

Sincérité

Il y a des soirées comme celle-ci où tout est merveilleux. Elles ne commencent pas forcément par un arc-en-ciel, car c'est aussi ça la vie: des imprévus, des solitudes, des vides qui se créent, des départs. Mais derrière cet apparent ciel d'orage, il y a le soleil des sourires et les couleurs du chocolat.

Au programme ce soir, il y avait beaucoup d'improvisation, beaucoup de rire, beaucoup de tendresse.
Il y avait cette distance pour un instant abolie. Il y avait votre présence, chaude et réconfortante, au bout de nos imaginaires.
Ce soir, l'océan n'existait plus. Nos marionnettes de glace ont fondu pour vous toucher.

Nous étions bien tous les trois, au milieu de nos chansons et de nos imitations. Nous avons effleuré l'essentiel, je crois. Nous avons retrouvé une partie de nous quelque peu égarée. Celle qui dessinait des pancartes anniversaire sur du tissu jusqu'à 2h00 du matin; celle qui fabriquait des bonhommes de neige; celle qui organisait des fêtes surprises à l'aube; celle qui interrogeait les cartes; celle qui chantait à tue-tête dans la cuisine; celle qui découchait; celle qui traversait la moitié de la ville pour dire au revoir; celle qui dansait des heures durant; celle qui marchait dans la neige par -30, pour aller retrouver une amie.

Oui, ce soir, malgré toutes ces années écoulées, je me suis un peu rapprochée de cette jeune fille que j'étais alors.
Il n'y a ni nostalgie ni régression dans cela: seulement le plaisir inattendu d'une promenade sur les bords du souvenir; la douceur d'une tartine de Nutella; les larmes sucrées du rire.

Merci ala.

dimanche 18 novembre 2007

Je déteste les montagnes russes du dimanche soir.
Tant de mélancolie et de joie mélangées.
Je déteste cette heure fatidique où tout bascule.
Tous les sentiments exacerbés.

On devrait bannir les dimanches soirs.
Ou, du moins, refuser de les vivre seul, devant sa tv.

samedi 17 novembre 2007

"-Do you wanna come?
-Yes. ...Yes!
-You're sure?
- Ask me again.
- Do you wanna come?
-Yes!"

(Almost Famous, directed and written by Cameron Crowe)

samedi 3 novembre 2007

Merci...

Cette semaine a été véritablement magique. Je ne saurais pas exactement te dire pourquoi. J'ai ma petite idée, bien sûr. Je connais les raisons, j'ai étudié les détails. J'étais là, aux premières loges. Mon corps pourrait témoigner.
Oui, une semaine magique. Des instants de pur bonheur. Des joies simples et sincères. Le sentiments d'être vivante, si vivante. Parmi le puzzle de mes sentiments, un début de résolution.
J'ai retrouvé le vrai goût des choses. Je peux enfin séparé le salé du sucré.

Un choc, vendredi, à 14h59. Un réveil. Le soleil s'est levé.
J'ai nettement vu briller la différence.

Alors, je voulais te dire merci. Merci pour ta patience. Merci pour ta compréhension. Merci d'avoir su adapter ta conduite à l'état de ma route. Merci aussi de ne pas avoir cédé, de ne pas avoir été complaisant toutes ces années durant. D'avoir su et d'avoir eu le courage de faire comme si tu ne savais pas. Merci d'être passé par dessus tout ça.
D'avoir supporté mes regards larmoyants et mes soupirs de tragédienne; mes coups de folie et mes envies impulsives.
D'avoir attendu que je comprenne; que je me comprenne.

Il me fallait juste ouvrir les yeux sur le monde qui m'entourait. Constater que bien d'autres aspects de mon existence étaient magiques.
J'ai constaté, cette semaine, que la magie nous surprend toujours quand nous cessons de la chercher.

jeudi 1 novembre 2007

La lettre


Intérieur soir. Un bureau près d'une fenêtre. Aucun papier ni crayon. La surface de travail est lisse; comme inutilisée. Éclairage tamisé et concentré sur cet espace.
Une femme, assise à quelques pas de là. Dans la pénombre. Semble tenir une feuille à la main. On comprendra plus tard qu'il s'agit d'une lettre et qu'elle n'en est pas vraiment la destinataire.


(...) toute la matinée. Je me suis assise sur les marches dures du perron dans l'espoir de l'apercevoir plus vite. J'ai guetté sa venue comme on guette le retour d'un bateau parti en mer de longs mois et rapportant à son bord des trésors précieux et des hommes à moitié oubliés. J'ai guetté. Je suis resté assise le dos bien droit. Patiente. Fière aussi.
J'ai vu passer la mère Coussigny avec ses trois enfants. Ils se tenaient tous par la main et formaient une longue barricade sur le trottoir. Ils avançaient de front, inséparables, prêts à affronter tous les dangers, unis par les liens indéfectibles de la famille. Mus par cette force invisible, ils avançaient le pas léger, la tête haute, sifflotant des comptines familières. J'ai cherché au fond de ma mémoire un souvenir de cet ordre. Petite, je marchais souvent derrière les grandes personnes, traînant un peu les pieds, les poings calés au fond des poches. Quelques fois, il m'arrivait de courir seule en avant. Je m'amusais alors à m'égarer. Je m'engageais dans différents sentiers sans regarder derrière moi. J'escaladais des troncs morts, traversais des buissons ou m'enfonçais dans les herbes hautes et les clochettes violettes. Je n'allais jamais bien loin cependant: le bois était petit. Impossible de vraiment s'éloigner. Les voix des mes oncles et tantes me parvenaient sans cesse. Je les retrouvais, bien malgré moi, au détour d'un bosquet.
Nous ne marchions jamais de front.

Mis à part la mère Coussigny et ses trois enfants, il n'y avait personne ce matin sur la rue Jean Jaurès. La pluie y était sans doute pour quelque chose.
Je n'avais pas de parapluie. Je suis restée assise, toute la matinée, le dos bien droit, à l'attendre.
J'écoutais le bruit de la pluie s'écrasant contre mon imperméable de plastique. Ce même imperméable que je portais sur le ferry qui reliait Douve à Calais lorsque je t'ai rencontré. Le ciel était gris poussiéreux. On ne voyait pas la côte. Il n'y avait personne sur le pont. Personne à part toi: petit point rouge au milieu de la tristesse du jour. Tu n'avais même pas rabattu la capuche de ta veste. Trempé jusqu'aux os, tu regardais cet horizon invisible bien en face. Et tu souriais.
Je t'ai aimé à l'instant même où ma peau est entrée en contact avec la tienne. J'avais replacé une mèche de tes cheveux qui te tombait devant les yeux. "Tu ne veux pas manquer un bout du voyage, n'est-ce pas?" avais-je murmuré.
Ce jour-là, nous avons traversé la Manche quatre fois. Sur le même bateau. Le contrôleur ne nous a pas fait payer notre dernier billet. Te souviens-tu? Probablement qu'il comprenait que la mer était notre refuge, notre cocon. La quatrième fois, la nuit était tombée. La pluie n'avait cependant pas cessé. "On ne voit plus rien" as-tu dit. "Rentrons". Je t'ai suivi sans prononcer une parole. Je me sentais en confiance. Et toujours en silence, nous avons fait l'amour sur la banquette arrière d'une voiture abandonnée au deuxième sous-sol.
Lorsque les hauts-parleurs ont annoncé notre arrivée prochaine au port de Calais, tu t'es séparé de moi avec regret. Tu as de nouveau enfilé ta veste rouge. Mais, cette fois-ci, avant de regagner le pont, tu as rabattu la capuche sur ton front.

J'attends. Assise sur les marches de pierre, je fixe l'horizon, le dos bien droit. Cela fait 54 matins. Le manque n'a jamais été aussi fort qu'aujourd'hui. Je désespère d'avoir des nouvelles de toi.
Où es-tu? Pourquoi n'as-tu jamais écris? Que voulaient dire ces quatre traversées? Ce ne pouvait être qu'un simple jeu. Je ne peux pas le croire. Je ne veux pas.
Je te le demande encore une fois. Je veux comprendre. Je t'en prie. explique-moi!
Je reste assise sur ces marches de pierre en attendant une réponse qui ne vient pas. J'aimerais faire autre chose, penser à autre chose. J'aimerais pouvoir quitter ce perron froid. Mais mon corps semble prisonnier...

(sa voix s'éteint. elle retourne l'enveloppe)

Je me suis assise sur les marches du perron pour t'apercevoir plus vite. J'ai guetté ton retour comme on guette un bateau. Je suis resté assise le dos bien droit. Patiente.
Tu n'es toujours pas revenue. Cela fera 7 jours demain.
Le facteur m'a remis cette lettre en personne ce matin. Ce n'était pas la première fois pourtant qu'il te rendait une de tes lettres, avec une grosse étampe rouge sur le devant: retour à l'envoyeur. Il devine peut-être qu'il s'agit de ta dernière lettre. De celle que tu as écrite avant de...

Où es-tu? Je reste assise sur ces marches de pierre en attendant une réponse qui ne vient pas. J'aimerais pouvoir quitter ce perron froid...

dimanche 14 octobre 2007

1997


George et Margaret

Les jours heureux

Treize à table

Art.

Amélie, Agnès, Nathalie, Elodie, Anne-Sylvie, Barbara, Jérémy.

Patrick Noppe.


Projecteur sur le passé.

Act 1.


jeudi 11 octobre 2007

En Train

Paris. Gare du Nord.
RER D.

Gris. Silencieux. Rapide.

On est ballotté sur son siège. Un roulis apaisant. Je ne vais pas tarder à m'endormir. Il n'y a pas grand monde dans le wagon.

Lundi matin. 10h28. Gare du Nord.

Je ne veux personne à côté de moi. Personne qui murmure ou qui respire. Personne qui entre dans ma bulle. Elle est à moi. Protectrice. Enveloppante. Rassurante. Je porte l'odeur de chez J. Un parfum de bien-être et de réconfort. Il fait doux chez J. C'est un îlot de bonheur et d'espoir. Un endroit hors du temps et hors espace. On s'y installe confortablement. On laisse son corps se détendre. La bulle de bonheur s'agrandit autour de nous. Il fait doux chez J. Il y a les rythmes slaves et africains, les couleurs chaudes de la terre, la lumière claire des étoiles. Nos corps et nos rires s'entremêlent. Pareils à quatre naufragés ayant trouvés place sur un canot de sauvetage, nous reprenons notre souffle en nous tenant la main. On se laisse alors gagner par la douceur, sans y prendre garde. On oublie l'espace d'un instant que le danger nous guète, que l'océan est sombre à l'horizon et que la tempête couve. Pendant deux jours, nous ne sommes plus sur terre, sur cette terre. Il fait bon vivre chez J. car nous sommes loin de tout et si près de l'essentiel. Deux jours d'intense bonheur. Deux jours intenses. Du bonheur. Il fait doux chez J.
Soupir sous la brume.


Le train continue de rouler. 10h43. Villiers le bel.


Je suis de passage. Sans valise. Sans titre de transport. Il y a trop à dire ou pas assez. Les voyageurs ne font que passer autour de moi. Ils frôlent mon épaule sans m'apercevoir. Je sens leur présence agressive. Ils descendent tous cependant et je me retrouve seule dans le wagon. Tout file. Trop vite. Je n'ai pas d'emprise sur le temps. Les minutes ont recommencé à couler. La bulle va éclater. Je garderai ton odeur plusieurs jours encore. La marque de ton corps que j'imagine contre le mien. Je sentirai ton regard sur ma nuque, tes lèvres dans mon cou. Ma bulle résistera encore un peu à la pression de la réalité. Tu t'envoles déjà pourtant. Dans cet ailleurs que je croyais tenir entre mes doigts. Cet imaginaire partagé.
Il n'est plus mien. Il ne l'a jamais vraiment été.
Me manqueras-tu? Je perçois déjà que le manque va rester dans la bulle. Il ne rejoindra pas la réalité. Comment pourrais-tu me manquer? N'y a-t-il pas juste ce que l'on a connu qui puisse nous manquer?


Survilliers-Fosses. 10h55. Terminus.


La brume ne se lève pas. Irréalité de l'image /paysage. Humidité du rêve. Il fait froid dehors. Derrière la vitre du train, je vois ton visage s'effacer. J'ai froid.

J'ai subitement hâte d'être chez moi. Mon avion part demain. Il faudra penser à remercier J. pour la bulle. Je l'emporte serrée contre mon coeur. Bulle de tendresse. Comme J.
Quant à toi, je te laisse là. Tu ne viendras pas.
Mais il faudra faire attention.

Il fait froid dehors.



samedi 29 septembre 2007

Dans les yeux des autres

jeudi soir. 18h16. alors que mon bras se perd littéralement à l'intérieur de mon sac (note à moi-même: ne plus acheter de sac à main de la taille d'une valise) à la recherche de mes clés d'appartement, ma petite voisine s'approche avec sa trottinette et me lance, pleine de sollicitude: "vous avez perdu quelque chose, Madame?"

Vendredi soir. 20h05. je règle mes achats chez Simmons. la discussion s'engage avec la gentille-vendeuse-qui-n'a-pas-cherché-à-me-vendre-toute-la-boutique. elle doit avoir dans les vingt ans, tout au plus. souriante. chaleureuse. nous échangeons quelques bonnes adresses de lingerie. avec un petit clin d'oeil coquin, nous évoquons ces "occasions spéciales" pour lesquelles nous aimons la dentelle et les couleurs vives. on étouffe quelques rires. et voilà qu'au moment de partir, elle me dit d'un ton désinvolte : "bonne soirée à vous aussi, Madame".

serais-je à un tournant de ma vie??

samedi 22 septembre 2007

si

Si, par hasard, malgré mes promesses aux Dieux et aux étoiles, malgré mes supplications et mes larmes, malgré ma confiance et mon désir sans borne, si malgré tout ça, je ne devais pas embarquer dans cet avion, je prendrais alors le volant d'une décapotable pour oublier.

Mon sac de voyage dans le coffre, je passerais la frontière au petit matin, les cheveux au vent, de vieilles lunettes fumées sur le nez et la musique d'Almost Famous dans les oreilles. Après un bref arrêt aux douanes américaines, seule sur la route, le soleil très bas sur l'horizon, je filerais vers Boston et son océan. J'irais m'asseoir sur le sable ou les quais et laisserais mon regard se perdre au loin, fixer un ailleurs où je ne suis pas, un pays que je n'atteins plus, une vie qui s'éloigne de moi. Je regarderais les goélands s'envoler vers cette terre promise, cette vieille patrie. La terre de ma naissance; celle qui a vu grandir mes ambitions mais qui ne les a pas vues se réaliser. La terre de mes amis; celle de leur quotidien. La terre de ma langue et de ma littérature; celle du connu et du sécuritaire.

Pendant trois jours, je resterais assise là, au milieu des souvenirs et des vacanciers. Et après avoir perdu le fil du temps et senti le vent tomber, j'irais marcher le long de l'eau, regard tourné vers la terre américaine. J'oublierais le cri des oiseaux, les avions et les désirs. J'oublierais ce que je faisais là; ce qu'il y avait derrière le bleu du ciel. Le chemin de Montréal me ramènerait à la réalité. Chaque kilomètre serait une parcelle de ce que je suis devenue en vivant ici, un extrait de mon être. Des kilomètres posés volontairement entre ici et là-bas.

Si, par hasard, je ne devais pas embarquer, bien sûr.

jeudi 13 septembre 2007

En route

"Paris. Charles de Gaulle. terminal 2F. Il fait présentement 11 degrés celsius au sol. Le ciel est couvert. Il est 8h30, heure local. Vous trouverez vos bagages sur le tapis 35. Pour les vols en correspondance, la navette interne vous attendra aux portes de l'avion. Tunis, La Réunion, et Abidjan, Terminal 1. Lyon, Toulouse et Marseille, Terminal 2 B. Merci d'avoir voyagé avec Air France. Nous vous souhaitons un agréable séjour et espérons vous revoir prochainement sur nos lignes".
.
Ses yeux sont gonflés par le sommeil. Sa bouche est sèche. Elle cherche sa gourde qu'elle trouve au fond de son sac, juste à côté de cet énorme pavé qu'elle s'est acheté avant de monter dans l'avion. Une lecture de survie pour faire face à l'attente, à l'angoisse et à cette longue nuit de doutes et d'incertitude. Le sommeil l'a attrapée par surprise cependant. L'avion n'avait pas encore atteint son altitude de croisière qu'elle n'arrivait plus à suivre le discours de son voisin de droite. Quelques minutes après, elle dormait. Il ne l'a pas réveillée pour le repas du soir. Il a simplement déplié sa couverture et l'a déposée sur ses genoux. Il a veillé sur ses rêves comme on veille un enfant malade, comme on regarde celle qu'on aime après l'amour. Alors que l'avion s'enfonçait dans le ciel d'encre, il l'a laissé appuyer sa tête sur son épaule.
"...vous revoir prochainement sur nos lignes". Elle ouvre les yeux et se rend compte de l'étrangeté de la situation. Elle réajuste sa position, replie sa couverture et récupère ses chaussures. Comme elle n'a pas le droit de décrocher sa ceinture de sécurité, le moindre de ses mouvements lui demande un effort considérable. Cette gorgée d'eau lui fait du bien.
Elle ne veut pas parler. Elle ne souhaite pas mettre de mots sur cette nuit, sur son comportement. Elle réserve ses paroles pour d'autres visages; ses explications pour d'autres dialogues. Cet homme si prévenant, cet étranger, semble comprendre ce qu'elle attend de lui. Il ne brise pas le silence par quelques platitudes inutiles. Lorsqu'elle quitte son siège et s'éloigne dans l'allée, il laisse même quelques personnes s'infiltrer entre eux. Elle se retourne une dernière fois et lui sourit enfin.
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Tapis 35: Montréal / Pierre-Elliot Trudeau (YUL)
Les arrivées sont une antichambre du monde. Une antichambre heureuse cependant. On y entend la rumeur du dehors, quelques bribes de nouvelles, plusieurs langues différentes; on y aperçoit un coin de ciel mais on n'est jamais sûr de la couleur. C'est un avant-goût des vacances ou bien une dernière barrière à franchir avant de pouvoir raconter ses souvenirs. Les gens rient, parlent fort, pleurent aussi parfois. Mais ce ne sont pas des adieux, ce ne sont pas des déchirements. Il y a bien sûr des voyageurs solitaires que personne n'attend jamais, ceux qui prennent des taxis pour rentrer chez eux, ceux qui voyagent léger, sans cadeau ou souvenir. Mais la plupart du temps, il y a ces mains qui s'agitent de l'autre côté de la vitre et qui cherchent à attirer un regard. Il y a ces sourires en abondance; cette impatience transparente.
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La jeune fille aux yeux plein de sommeil se cache pourtant derrière un des piliers. Pliée en deux, elle cherche à reprendre son souffle, à retrouver une contenance. Elle s'assoit un moment. Elle fouille dans son sac et reprend une gorgée d'eau. Ses mains sont moites, si bien qu'elle en échappe presque sa bouteille. Elle se recoiffe, s'observe un instant dans le miroir. L'image qu'il lui renvoie ne lui ressemble pas. Qui est cette femme? Que fait-elle loin de chez elle? Ces yeux si pleins d'attentes et d'angoisses sont-ils vraiment les siens? Pourquoi avoir fait tant de kilomètres? Elle sort son carnet de notes et relit le courriel qu'elle a imprimé et qu'elle a glissé à l'intérieur avant de partir: " Je t'attendrai aux arrivées. Tu peux compter sur moi".
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Son sac sur l'épaule, elle s'avance alors vers les portes vitrées. Il est là. Il agite les mains et sourit. Comme il se doit. Son vol de retour est à 18h00. Il lui reste donc 9h30 pour répondre à ses questions...

samedi 4 août 2007

Mon vrai Toit

mon vrai toit est ici maintenant. je vais essayer de transférer mes archives. 20 six vient de supprimer, sans avertissement aucun, tous les posts de 2007. arrrghh! j'avoue que j'ai failli piquer une vraie crise. larmes, rage, désespoir. bon, bon, n'exagérons rien! mais il est vrai que je n'avais rien sauvegardé. (je travaille toujours direct sur mon blog. ça m'apprendra!)
heureusement, mon cher Grégor, magicien à ses temps perdus, a réussi à rembobiner mes larmes et mes cris, et il a fait sortir de son chapeau un joli bouquet de textes anciens. merci!

dimanche 22 juillet 2007

Montréal

J'aime Montréal. Follement.

Beaucoup d'immigrés disent aimer le québec. Oui, bien sûr, comment ne pas aimer ce pays? Mais moi, mon coeur s'est arrêté à Montréal. Il y est resté figé. Cette ville l'a happé tout entier.
Mon corps vibre pour cette ville. Il est cette ville. Il n'y a ni barrière, ni barbelés pour nous séparer. Je suis et je resterai une partie de cette île urbaine et cosmopolite.

J'aime Montréal. Comme je n'ai probablement jamais aimé personne.

Les odeurs des usines à pain; les ruelles bondées d'enfants; les nids-de-poule et les rues trop étroites; les parcs si verts et si grands qu'ils laissent un goût de randonnée dans nos chaussures; l'élégance de Mado; le courage des joggeurs matinaux; le pont Jacques Cartier qui nous offre la plus belle image du monde quand on rentre de week-end et que la nuit tombe sur les buildings; les escaliers extérieurs bleus, pis roses, pis verts, pis jaunes; le marché Jean-Talon et son overdose de couleurs et d'odeurs; les pistes cyclables qui nous laissent croire que l'Asie est à deux coups de pédales; les sandwichs à étages du Santropol; les films décalés du cinéma du Parc; les terrasses ensoleillées.

Oui, j'aime Montréal. Je ne m'en rends jamais aussi compte que lorsque je quitte la ville pour quelques jours.

Je suis chez moi ici. Cette ville a toujours été en moi. Processus de reconnaissance mystique. Symptomes physiques du manque et du plaisir assouvi.

Montréal est en moi comme je suis en elle.

J'aimerais parfois y être avec toi.

mardi 10 juillet 2007

notice de fonctionnement

À la sortie du métro, alors que la jupe prend le large et que les cheveux renouent passionnément avec les années 80, il y a cet homme qui se retourne et qui, aussi surréaliste que cela puisse paraître, vous lance: "vous avez de bien belles chaussures!"

Cela fait-il trop longtemps que je ne me suis pas fait draguer? devrais-je, à mon tour, complimenter Monsieur sur la couleur de ses chaussettes?

non, sérieusement, il aurait fallu dire quoi? "merci! vous aussi!"??

mardi 3 juillet 2007

Trop frisée

il y a la pluie qui tombe contre la fenêtre, celle qui nous a surpris au milieu du concert, et celle du Champ de Mars. la pluie de mes yeux, quelques fois.
on emprunte les baleines de parapluie d'Émilie. on se serre contre l'arbre protecteur. on fait de la buée, le nez contre la vitre froide. et on laisse couler, sans égard pour les mouchoirs de papier.
le Champ de Mars. en boucle. comme la pluie qui ruisselle. sans arrêt.
le Champ de Mars. le bruit des graviers. l'image noir et blanc.
le Champ de Mars. et ce qu'il n'a pas été.
en boucle. sans arrêt.
la pluie. buée. larmes. nuages gris. en boucle.
ce qu'il n'a pas été.

mardi 26 juin 2007

La magie est-elle parmi nous?

Je suis en train de relire "Harry Potter et l'ordre du Phénix" (forcément, le film sort dans quelques semaines). On est d'accord pour dire (pour ceux qui ont déjà mis les pieds à Poudlard) qu'une fois Harry dans un esprit, c'est toute la réalité de la vie qui se transforme peu à peu. Donc, j'étais tranquillement assise sur mon balcon, lisant la 724eme page (700 pages en 4 jours! ah! si seulement j'allais aussi vite avec mon Fataliste. plus d'une semaine que je n'y ai pas touché. Quelqu'un a-t-il un truc à me suggérer? À ce propos là, d'ailleurs, je dois dire que je suis plus une Optimiste. Tout aussi tordu mais bon, vaut mieux voir le verre plein que vide!)- donc, je disais: rendue à la 724eme page, je propose à mon esprit de faire une pose et de venir se refixer dans la jolie chambre de Rosemont-Petite patrie (un petit peu plus petite que Poudlard mais si peu...). Et là: choc nerveux (décidément en ce moment, les nerfs en prennent un coup! cf. note précédente pour l'improbable visiteur de passage)! Mon ordi, sous mes yeux ébahis, sans s'en soucier le moins du monde (se soucie-t-il de quelque chose de toutes façons?!) s'allume. Oui, comme ça, tout seul. D'ailleurs, je vous écris suite à ça. (Donc, pour répondre à la question qui vous trotte dans la tête: non, mon ordi ne m'a pas attaquée; pas encore...)

La vraie question: Harry va-t-il apparaître? Suis-je enfin choisie pour m'en aller étudier à Poudlard? (j'ai 15 ans de retard et alors?!) dites! dites!

lundi 25 juin 2007

Hypocondriaque

Il fait sombre lorsque je me lève. Il ne doit pas être bien tard. Non, pourtant, le cadran affiche 9h32 obstinément. Je ne comprends pas. Je tire un bout du rideau. Ah! ça, non. Il pleut. Voilà l'affaire!

En sommnolant, encore confuse de mon rêve-cauchemard, je me dirige vers la salle de bain. J'évite soigneusement les sacs à main qui trainent devant l'entrée mais, ouch!, mon orteil droit vient frapper de plein fouet la paire de basket posée élégamment au milieu de la carrée.
Cette douleur en réveille une autre. Oui, maintenant, je la sens. Ma gorge me brûle. Elle tire, vers l'arrière, vers les amygdales. Je porte ma main à mon cou, instinctivement, et là, je découvre la petite boursouflure bien connue, présage d'une bonne angine.

Face au miroir comme face au docteur, je tire la langue bien sagement et attends le verdict qui ne saurait me plaire. Je reconnais de suite les petits points caractéristiques. Oui, c'est bien une angine. Mais à peine ai-je dit cela que mon regard élargit le focus. Il couvre à présent toute ma langue. Les petits points sont toujours là mais mes yeux incrédules constatent que cette dernière est toute bleue.

L'angoisse m'envahit rapidement. Non, elle devrait être jaune. Blanche, pourquoi pas. Rouge écarlate, peut-être. Mais bleue?! Je cherche dans ma mémoire un témoignage d'une maladie bleue. Néant. oh! mon Dieu! Il va falloir passer cette journée de congé à l'hopital, aux urgences. Peut-être est-ce contagieux, grave, douloureux?

Happée par ce flot de pensées tragi-comiques, je m'égare 30 bonnes secondes. Soudain, un éclair de génie me traverse: les schtroumpfs! Oui, bien sûr! J'ai mangé une bonne dizaine de bonbons schtroumpfs, avant d'aller au lit.

Voilà, cela me servira de leçon, la prochaine fois que je décide d'aller au lit sans me laver les dents!

dimanche 24 juin 2007

Wake me up before you go go

les cheveux dans le vent, le T-shirt en état liquide, un gros sourire accroché aux lèvres, il aura gesticulé pendant plus de trois heures au son "pop 80" de la Tulipe. rien qu'à le regarder, cela aura fait m'a soirée!

le corps un peu inerte ce soir. les jambes molles. le dos trop tendu. je n'ai pas sauté. c'est un détail; mon détail. je saute quand je danse. si je ne saute pas alors quelque chose ne va pas. rien de grave cependant. un peu de fatigue. oui, sûrement.

j'avais envie de danser avec quelqu'un ce soir. plutôt envie que quelqu'un danse avec moi. quand la première salsa a commencé, cette envie s'est propagée dans tout mon corps. je la sentais vivante. mais personne n'est venu. il faut dire que je n'ai pas levé les yeux. mon corps ne cherchait que deux personnes. il n'aurait vibré au contact d'aucune autre. trop loin et trop irréelle. arrgh! et pourquoi tolère t-on ces choses là?

allez, il est l'heure d'aller serrer mon oreiller! assez de confessions personnelles. mais bon, il est 3h05, j'ai des excuses... et je voulais vraiment danser avec quelqu'un..!

dimanche 27 mai 2007

True

I don't think couples are the future.

You need more than that. You need back up. [...] It's like that thing he told me Jon Bon Jovi said:

"No man is an Island"­.

(About a Boy, 2002)

vendredi 4 mai 2007

pour toi

Il y a des matins où le soleil ne brille pas assez fort; d'autres où mes yeux ne peuvent le supporter. J'ajuste ma vision. Je plisse un peu les paupières; les agrandis quand il faut. Et puis, je porte des chapeaux, des foulards, je mets de la crème; contre le vent, le froid, les brûlures.


Je m'entoure de livres, de films, de héros. Je les dévore sans faim, le ventre trop vide pour ressentir le moindre manque; le ventre trop plein pour vraiment en goûter les saveurs. De rares fois, je chavire, emportée par une vraie ivresse. Cela frappe fort. Je suis alors comme assommée, prise de vertiges. Mes yeux brillent. Larmes ou envie? C'est un besoin urgent de vivre. De comprendre pourquoi je suis "celle-là" et non une autre. Pourquoi ma vie semble si pleine de vides malgré les milliers de couloirs qui la forment. Mais après tout, qu'y a-t-il de plus vide qu'un couloir? Endroit sans âme, sans but, sans limite précise. On y pose des cadres de grand-mères, un porte-parapluie, une vieille étagère qui ne tenait nulle part. Peu d'intérêt est accordé à la lumière. Une vieille 40 watts fera l'affaire. Le papier va jaunir, puis se corner. Les plafonds vont se fissurer mais personne ne le remarquera. Un couloir.

Mais c'est aussi un lieu de passage. Passage d'une pièce à une autre. D'un monde à un autre. Endroit de mouvements, de déplacements. De stagnations aussi, parfois. Lors des partys, des rendez-vous. Endroit où l'on se réfugie pour échapper à la foule de la cuisine, à l'odeur âcre de cigarette du balcon, aux restes qui trônent sur la table du salon. Endroit d'intimité, d'attente, lors du premier dernier verre. Prolonger encore quelques instants la distance, atténuer l'angoisse. Faire monter le désir de se découvrir. C'est pour cela qu'aucune chambre n'est construite directement face à la porte d'entrée.

Je repasse certaines chansons en boucle plus de cent fois. Je réécoute la même phrase, le même accord, sans cesse. Je me saoûle de ces mélodies. Cela atténue ma voix et mon silence. Elles me portent ailleurs: dans des pays cent fois visités, cent fois découverts, cent fois perdus. J'y laisse des cailloux blancs, sachant très bien qu'ils seront devenus gris quand je les retrouverai. Et j'attends de comprendre le pourquoi de ce voyage. J'attends qu'une solution éclaire mon visage, fasse cligner mes paupières, me force à mettre des lunettes. Alors je verrai mieux. je comprendrai.

Savoir pourquoi la vie, ma vie, se teinte de gris parfois. Comprendre quelle magie lui donne cette belle couleur rosée certains matins. Savoir que le mélange des couleurs ne donne pas du noir mais du blanc. Que le blanc et le noir ne sont pas des couleurs. Et que c'est peut-être ça, le fin mot de l'histoire: un problème de vocabulaire; de définition.

Oui, il suffirait de s'outiller du bon dictionnaire.

J'y travaille.

dimanche 29 avril 2007

Ce n'est pas tant le rêve que nous poursuivons qui compte, mais le chemin que nous empruntons pour y arriver.

dimanche 22 avril 2007

l'essentiel

(parenthèse sentimentale)

Elle est assise à coté de lui et le regarde lire. Quelques minutes plus tôt, elle lui a demandé pourquoi il l'aimait. Un peu surpris, il a d'abord hésité. Il a cherché à éluder la question. Mais son égo littéraire a vite repris le dessus. En moins de trente secondes, il lui proposait une réponse en trois parties (faisant la petite erreur de dissocier le fond de la forme cependant), un mot doux en guise d'introduction et un baiser pour figurer la conclusion (là encore, l'ouverture y était mais que dire du résumé?!). Retour à son livre.

C'est alors qu'elle se renvoie elle-même la question. Car au fond, il s'agissait plutôt d'une question rhétorique; elle ne cherchait pas vraiment sa réponse. De nombreuses idées lui viennent à l'esprit. Elle pourrait, elle aussi, en faire un joli plan. Son esprit s'évade cependant ailleurs et vient se fixer sur l'image de ses amis; ces quatre amis qui pourtant vivent si loin d'elle. Pourquoi les aime-t-elle? Et là, aucune réponse. Rien. Pas un soupçon d'idée. Un bonheur immense l'envahit. Elle les aime d'une manière incommensurable, irrationnelle. Sans raison. Elle les aime parce que. Point.

L'essentiel est là.

Elle sait.

vendredi 20 avril 2007

Futilités

Faire le chat au soleil. Se croire sur une île grecque.

S'é-ti-rer. Lentement. En sentant tous ses muscles se détendrent; lâcher prise.

Fermer les yeux. Laisser le soleil nous caresser. Sentir chaque rayon sur notre peau, comme autant de premiers baisers. Laisser le vent s'inflitrer sous la chemise, au creux des seins. Percevoir les frissons qui parcourent notre échine lorsqu'il suit le galbe de notre jambe et s'aventure plus avant.

Apprécier.

Soupirer sans retenue. Se sentir désirable. Faire durer le plaisir.

Ouvrir les yeux et constater cette merveilleuse nouvelle: le beau temps est enfin là.

mardi 3 avril 2007

Rien bis

Derniers jours. Pas d'apocalypse. Pas de destruction massive. Pas plus de navette intergalactique que de superhéros. Juste quelques bips familiers dans la machine; quelques portes qui se ferment; quelques pièces qui tintent au fond du tiroir caisse. Les livres conservent leur odeur; les aimants continuent de se décrocher; les clients se succèdent, décidés, perdus ou en avance à un rendez-vous. bref! les choses poursuivent leur existence autonome.

1 an, 7 mois et 9 jours. Un simple survol. Qu'ai-je appris? Qu'ai-je découvert? Ce temps égaré ressemble à l'atterrissage d'une libellule sur un nénuphar: un déplacement d'air microscopique.

Demain et le jour suivant, je ne serai pas à mon poste habituel. Je m'en vais faire la mondaine. Solitaire parmi d'autres solitudes. Sourires en porcelaine. Mots d'esprit et regards intéressés. Drôle d'adieu tout de même! Pas même l'occasion de revoir mes habitués: le professeur au Devoir, le client des revues du vendredi, mon poseur d'affiches avec qui je discutais de théâtre et de danse, cet argentin au chapeau de feutre, cette prof d'histoire si exigeante et si gentille, la petite madame du café -"il n'est pas encore arrivé, le café?!"-, l'acheteur de Philosophie, et le petit monsieur du change. Oh! Beaucoup trop de gens en fait pour les énumérer ici. 1 an, 7 mois et 9 jours. On a le temps de reconnaître les visages. Merci d'avoir pris la peine de discuter avec moi. Merci de me saluer quand vous me croisez sous d'autres latitudes. Merci de m'avoir demandé "ça va" avec un réel intérêt et d'avoir écouté la réponse.

Je suis sentimentale que voulez-vous? Dimanche, les rires d'une famille qui se séparait sur ma rue après une promenade ensoleillée m'ont émue aux larmes. Une catastrophe! C'est sûr.

Je donne donc à ma vie un nouveau tournant. Je souhaitais ardemment être professeur de littérature. Mais je n'en pouvais plus de ce travail répétitif; de cette léthargie. Alors, en attendant le poste tant convoité (mes cv étant faits, je vais quand même les envoyer pour la rentrée de septembre: il faut savoir terminer une tâche, la boucler. Les choses laissées en plan ne font plus parti de ma vie- résolution d'avril-), je vais découvrir une nouvelle facette de ma personnalité.

D'autres habitués, d'autres portes, d'autres petits riens.

mardi 27 mars 2007

Et après?

[...] Ils m'ont crue. Justement, ils avaient besoin d'héroïnes.

Réjean Ducharme, L'avalée des avalés, dernière page.

Que quelqu'un m'explique! Que quelqu'un vienne en aide à mon esprit malmené! Que quelqu'un écrive une dernière page; non, même pas, juste une dernière ligne!

Cash back

Parfois, l'amour se cache entre deux secondes. Un instant fugace, presque imperceptible. Pour le saisir, il faut savoir prendre son temps, ralentir le rythme de notre vie, dérouler le film en slow motion.

En somme, jouer un peu avec la réalité.

lundi 26 mars 2007

J'ai besoin qu'on me rassure, qu'on me berce, qu'on me bichonne. Je ne suis pas faite pour mourir vierge et martyre. Je suis une médane en transe. J'ai un besoin de tendresse surhumain et monstrueux. Cependant, le rire que j'ai qui rit de la tendresse que je veux est encore plus surhumain et monstrueux. Je ne pourrai jamais plus me permettre, sans la noyer de cynisme, de donner ou de recevoir la moindre caresse. Je réagis à une goutte de miel par une mer de fiel.

Réjean Ducarme, L'avalée des avalés, Gallimard, 1966.

jeudi 22 mars 2007

Rien

Six fois que je commence cette note et six fois que je l'efface. Il y a des soirs où rien ne sort car il y a trop à dire.

Nous verrons demain...

dimanche 18 mars 2007

dépression atmosphérique

La météo reste imprévisible, surprenante; elle se rit de nous. On range nos bottes de neige. On ressort ce caban noir tellement plus élégant que notre duvet de canard à col de loup. Adieu mitaines, tuque de mémère et foulard géant. On ouvre grand nos narines, cherchant à reprendre contact avec la nature, l'air frais de mars. L'odeur de terre mouillée, de gaz d'échappement et de crottes de chiens n'a rien pour nous rebuter. On s'installe dans cette idée. Oui, le printemps est arrivé.

Alors les barrières tombent. La confiance s'installe; la routine. On attend beaucoup de cette douceur. On ferme les yeux face au soleil, certain que tout va bien. Certain que tout est beau et à sa place.

Mais voilà qu'une tempête de neige s'abat sur la ville. Deux heures et tout est blanc. Tout est à recommencer. Il faut se remettre en alerte. Ressortir les chaussures. Réapprendre à marcher sur la glace. Faire attention. La météo reste imprévisible. Il ne faut jamais faire confiance aux premiers rayons de soleil. Il ne faut jamais se laisser aller à la douceur du mois de mars. Mars est un mois trompeur. Le dicton "En avril ne te découvre pas d'un fil, mais, en mai, fais ce qu'il te plait" s'est trompé d'une trentaine de jours.

Il en va de même en amour: les premiers rayons de soleil ne signifient pas l'arrivée du printemps. Changer de manteau trop vite provoque, à coup sûr, une bonne grippe.

samedi 3 mars 2007

Comme par hasard

[...] Le verbe est devenu du verbiage. Tout le monde a son mot à dire.

Le mot ne montre plus. Le mot bavarde. Le mot est littéraire. Le mot est une fuite. Le mot empêche le silence de parler. Le mot assourdit. Au lieu d'être action, il vous console comme il peut de ne pas agir. Le mot use la pensée. Il la détériore. Le silence est d'or. La garantie du mot doit être le silence. Hélas! c'est l'inflation. Ceci est encore un mot. Quelle civilisation! Il suffit que mes angoisses s'éloignent et je commence à parler au lieu de cerner la réalité, ma réalité, les réalités, pour que le mot cesse d'être un instrument de fouille; je ne sais rien du tout; cependant, j'enseigne. Moi aussi j'ai mon mot à dire.

Eugène Ionesco, Journal en miettes, Gallimard, 1967.

La cape n'est plus; le romantisme reste.

Descente du bus. La neige m'arrive jusqu'aux mollets. Deux ou trois pas et je suis rendue à mon coin de rue. S'approche doucement un petit monstre déneigeur de trottoirs. Il me sourit et veut me laisser traverser. "non, non!" je secoue la tête. "je vais par là". Son sourire s'élargit un peu plus. Ses chenilles s'ébrouent et il m'ouvre fièrement le chemin. Seule piétone à cette heure-ci, me voilà reine de la nuit.

Coup de chance!

oh mon dieu! oh mon dieu! je m'en vais voir Minuit le soir à l'Ex-Centris avec l'équipe artistique!
mon étoile est toujours là!

bon, maintenant, la question est: que vais-je mettre?!

vendredi 2 mars 2007

"élève motivée, très bonne connaissance, mais beaucoup trop bavarde"

Voilà ce qui résume 16 années d'études (sans compter la dernière).

On pourrait étendre cette constatation à ma vie. Et à ma recherche d'emploi. Je parle; je parle. Je fais des projets; que je partage. J'évoque les différentes possibilités. Je rêve tout haut. Bref! Je verbalise. Agencer ces mots en phrases grammaticalement correctes occupe tout mon temps. Tant et si bien que je n'en ai plus pour l'action, pour la réalisation de tous ces beaux rêves. Alors, ce matin, devant témoins (oui oui, je sais que quelques personnes visitent ce blog. Bon, il s'agit peut-être toujours de la même. Et celle-ci a peut-être un lien affectif avec moi. Ça ne compte donc qu'à demi. Mais ça compte quand même) et devant l'atmosphère cotoneuse imposée par la lourde neige qui enveloppe Montréal, je fais voeux de Silence.

Oui, de Silence.

mercredi 14 février 2007

magie blanche

C'est beau quand même, tous ces petits cristaux qui s'entassent sur le bord de ma fenêtre. ce sucre glace qui transforme les arbres décharnés en popsicles pour géant vert affamé. et tout ce vent qui balaie cette poussière, fait danser les flocons et me donne l'impression d'être au centre d'une boule à neige secouée de tous côtés.
mon quatrième hiver ici. et toujours la même magie.

dimanche 4 février 2007

Nouveau départ

il y a encore des cartons partout: sur le sol, le lit, sous le bureau, dans mes jambes, autour des chats. au milieu de ce campement organisé, l'ordinateur se dresse cependant fièrement sur son îlot sécuritaire; petit espace de bois brut suédois. il me regarde avec malice, me nargue, me convoite. oui, je vais m'asseoir face à toi et écrire. oui, je vais faire ce premier pas et reprendre ce que j'avais commencé; ce pour quoi j'ai renversé ma vie, ma quotidienneté.

il y a bien longtemps que je n'ai rien posté sur ce blog.

nous sommes en février; la voie est libre pour les résolutions. celles-ci ne risquent pas d'échouer aux fonds d'un abime (pauvre "abime" qui a perdu son accent circonflexe selon la Nouvelle Orthographe" ) déjà surchargé par les années précédentes.

donc nous disons:

*dévoiler mon blog à certains de mes amis (cela me permettra au moins d'avoir quelques lecteurs)

*commenter les blogues que je visite régulièrement (daniel rondeau, un taxi la nuit, grégor...)

*écrire plus régulièrement. des textes de fictions. des critiques de films, de théâtre, de livres. juste écrire. quelques lignes.

voilà pour ce soir. à la fois si creux et si plein.

je file au cinéma voir Coeurs, le dernier film d'Alain Resnais. j'habite maintenant à coté du cinéma Beaubien. je vis à Montréal depuis 4 ans et, pourtant, je n'y avais jamais mis les pieds. pour moi, la vie s'arrêtait rue Laurier. en posant mes valises dans ce nowhere, vais-je réussir à me retrouver?