mercredi 22 février 2017

Le cordonnier mal chaussé


En avril 2016, j'ai mis fin à une relation toxique qui m'a absorbée pendant presque 2 ans et demi.  
Sans m'en rendre compte, j'avais sombré dans des abysses de solitude et d'isolement, où régnaient le contrôle, la violence verbale et psychologique, et la manipulation.
Moi l'intervenante en Santé Mentale, je n'avais rien vu venir. 
J'ai subi un sabotage répétitif de ma personne jusqu'à douter de moi-même et de mon propre état de santé mental, au point d'aller consulter en thérapie pour ce que je supposais être une humeur dépressive ou un trouble d'adaptation.
Je n'avais pas réalisé que le problème était extérieur à moi. Que c'est cette relation toxique, à grands coups de moqueries, de mots blessants, de critiques sans cesse répétées, de remises en question de mes valeurs et de mes habitudes, qui m'avait tout simplement usée, me faisant perdre toute estime de moi.

Après ma rupture, mon moral est remonté très rapidement. J'ai retrouvé mon optimisme, ma confiance en moi, mon énergie. L'été approchait et avec lui, des vacances en France, auprès de mes amis d'enfance et de ma famille, entourée donc par des gens aimants et supportants. 
En revenant à Montréal, c'est comme si ces deux ans et demi n'avaient jamais existé. J'étais même impressionnée par ma capacité à rebondir et à me remettre d'événements plutôt traumatisants. 
Cependant, j'aurais dû me douter qu'il n'était pas "normal" de tourner si facilement la page. Que mon estime était bien plus touchée que je ne le croyais et qu'il m'aurait fallu entamer un vrai travail de reconstruction.

Car je me suis effondrée comme un château de cartes voilà quatre semaines lorsque je me suis vue attaquée verbalement par un homme que j'ai fréquenté quelques semaines autour du temps des fêtes...
Blessé dans son orgueil par mon rejet, il m'a lancé un flot de haine en plein visage et a colporté mille et une rumeurs à mon égard. Je n'avais jamais été la cible de tant de méchanceté gratuite et de violence verbale. 
Si mon estime avait été assez forte, j'aurais été surprise par un tel comportement et surement un peu secouée. Mais là, il a su frapper exactement sur les fissures du passé. 
Et je me suis immédiatement repliée sur moi-même et remise en question. Oui, j'ai cru ce qu'il disait. Que j'étais une salope et une pute, et que je méritais de "crever en enfer". 

Ce n'est qu'hier soir que j'ai pris conscience de cela, de cette blessure non cicatrisée. 
Car je suis malade depuis un mois maintenant. J’enchaîne toutes les maladies possibles. Comme si mon corps me disait de m'écouter, de me poser, de prendre soin de moi. Comme s'il me disait qu'il était temps de me reconstruire. Ce que je n'avais en réalité pas fait après ma rupture au printemps dernier.  
Mon corps me dit aussi d'être en colère. De ne plus tolérer que les gens me parlent ainsi. De ne plus être dans l'acceptation et la compréhension des autres. 
Car oui, je n'ai jamais été en colère contre mon ex-conjoint. J'ai fait preuve d'acceptation et d'ouverture face à sa reconnaissance des faits. Je l'ai excusé en somme. 
Et j'ai fait pareil voilà quatre semaines. J'ai mis ça sur le compte de son Ego blessé. Je me suis dit que j'étais surement en tort, que j'avais mal géré la situation. Mais non. Peu importe que la situation ait été bien ou mal gérée, que l'autre ait eu des circonstances atténuantes, des excuses, on ne devrait jamais tolérer de la violence verbale. Et cela ne devrait jamais venir toucher à l'estime que l'on se porte. À notre valeur première et profonde. 

Bien sûr, cette prise de conscience n'est que le début d'un long travail de réflexion. La pointe de l'iceberg.
Et j'entrevois déjà des pistes de réponses. Certaines sont en lien avec mon enfance, bien sûr..... Le père absent. Son abandon. Son manque d'intérêt pour moi. Et par le fait même, mon manque de valeur à ses yeux.... 

Mais c'est une autre histoire....