Suddenly I realized - two people isn't enough. You need backup. If you're only two people, and someone drops off the edge, then you're on your own. Two isn't a large enough number. You need three at least.
(About a Boy-2002)
Depuis quelques temps, je me questionne énormément sur
l’intérêt d’avoir un enfant. Sur le désir, plutôt. (Mais c’est un lapsus
révélateur.) Je pense que je fais partie de ce genre de personnes à qui profite
l’inattendu, le spontané. Si j’avais eu des enfants voilà 10 ans avec M., je
n’aurais pas réfléchi aux conséquences. Au manque de sommeil, aux sacrifices,
au changement de rythme, aux abandons de toutes sortes (amitiés, lieu de vie,
sorties, passions, etc…). À cette parenthèse qu’il semble falloir faire dans
notre vie d’adulte pour devenir un parent à part entière. Non, je n’aurais pas réfléchi
et j’aurais foncé tête baissée. (Ce qui, finalement, n’est pas forcément
mieux.) Mais voilà. J’ai réfléchi. (J’ai aussi changé d’amoureux plusieurs
fois. Ce qui, il faut bien l’avouer, a un peu repoussé le questionnement). J’ai
réfléchi, et j’ai laissé le temps passer. Et je ne suis pas certaine de vouloir
embarquer dans ce modèle-là. Le modèle « parenthèse ». Je l’appelle
comme ça car il fait écho à un article que
j’ai lu jeudi passé sur le fil Facebook d’une amie et qui laissait entendre que
la parentalité passait par la mise entre parenthèses de sa vie d’adulte. Une
parenthèse d’une bonne dizaine d’années. L’auteur conclut son billet par cette
phrase : « Si je ne dois plus penser à moi pendant dix ans,
autant que ce soit pour quelque chose d'aussi délicieux que la
maternité. »
Mais 10 ans, c’est quand même extrêmement long, non ? (Ou
très court, c’est selon). Bien sûr que je suis consciente qu’élever un enfant
demande de faire des concessions, d’adapter sa vie, ses habitudes. Je sais
qu’on ne peut pas aller plus vite que leurs petites jambes ne veulent avancer,
qu’on ne peut pas forcément sauter tous les jours l’heure du souper, qu’on ne
peut pas accepter tous les 5@7 spontanés que les collègues nous proposent. Mais
cependant, il me semble qu’il y a un juste milieu, non ? Car je ne suis pas
prête à m’oublier pendant 10 ans. Avec l’espérance de vie familiale qui est la
mienne, cela représente 1/7e de mon existence ! 1/7e !!
Le problème, ce n’est pas les parents. C’est le modèle
familial. Car je pense que la difficulté réside dans le fait de vouloir élever
un enfant à deux. Two people isn’t enough. You need back-up. Oui,
dans une relation parent-enfant classique, si l’un des parents tombe malade,
disparait, a une réunion de travail, veut poursuivre ses cours de chants/de
tennis/de théâtre, il ne reste qu’un seul adulte pour prendre la relève. Avec
trois ou quatre parents, l’équation change. Et il y a toujours quelqu’un de
disponible, mais surtout de disposé, pour s’occuper de l’enfant. Le temps passé
ensemble devient un vrai temps de qualité (même s’il ne s’agit que de lui
apprendre à ranger sa chambre ou de gérer une énième crise dans l’allée du
supermarché).
Les années 80 ont vu exploser le modèle monoparental.
Pourquoi ne pas repenser le concept de famille et élargir celui-ci ? Je ne
parle pas des familles recomposées des années 90. Mais d’un modèle de
multiparentalité conçu et désiré dès le départ. Pourquoi ne pas faire un enfant
à 3 ou à 4?
*
Ce qui est drôle dans tout ça, c’est que depuis quelques
mois, j’envisage de nouveau d’avoir des enfants. Je me projette, je m’imagine,
je m’envisage mère. Et heureuse.
Libérée de ma dernière relation, j’ose me reconnecter avec
ce côté maternel qui m’a toujours caractérisé. Et que j’avais un peu perdu de
vue depuis les trois dernières années.
Et comme la vie me fait toujours de merveilleux clins d’œil,
j’ai découvert, en arrivant au travail jeudi matin, une jolie carte signée par
un petit Emilio qui me demandait tendrement si je voulais bien être une de ses
marraines. (Il aura deux marraines et deux parrains) Et son père de
rajouter : « Ben oui, deux, c’est clairement pas assez ! »
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