mardi 3 avril 2007

Rien bis

Derniers jours. Pas d'apocalypse. Pas de destruction massive. Pas plus de navette intergalactique que de superhéros. Juste quelques bips familiers dans la machine; quelques portes qui se ferment; quelques pièces qui tintent au fond du tiroir caisse. Les livres conservent leur odeur; les aimants continuent de se décrocher; les clients se succèdent, décidés, perdus ou en avance à un rendez-vous. bref! les choses poursuivent leur existence autonome.

1 an, 7 mois et 9 jours. Un simple survol. Qu'ai-je appris? Qu'ai-je découvert? Ce temps égaré ressemble à l'atterrissage d'une libellule sur un nénuphar: un déplacement d'air microscopique.

Demain et le jour suivant, je ne serai pas à mon poste habituel. Je m'en vais faire la mondaine. Solitaire parmi d'autres solitudes. Sourires en porcelaine. Mots d'esprit et regards intéressés. Drôle d'adieu tout de même! Pas même l'occasion de revoir mes habitués: le professeur au Devoir, le client des revues du vendredi, mon poseur d'affiches avec qui je discutais de théâtre et de danse, cet argentin au chapeau de feutre, cette prof d'histoire si exigeante et si gentille, la petite madame du café -"il n'est pas encore arrivé, le café?!"-, l'acheteur de Philosophie, et le petit monsieur du change. Oh! Beaucoup trop de gens en fait pour les énumérer ici. 1 an, 7 mois et 9 jours. On a le temps de reconnaître les visages. Merci d'avoir pris la peine de discuter avec moi. Merci de me saluer quand vous me croisez sous d'autres latitudes. Merci de m'avoir demandé "ça va" avec un réel intérêt et d'avoir écouté la réponse.

Je suis sentimentale que voulez-vous? Dimanche, les rires d'une famille qui se séparait sur ma rue après une promenade ensoleillée m'ont émue aux larmes. Une catastrophe! C'est sûr.

Je donne donc à ma vie un nouveau tournant. Je souhaitais ardemment être professeur de littérature. Mais je n'en pouvais plus de ce travail répétitif; de cette léthargie. Alors, en attendant le poste tant convoité (mes cv étant faits, je vais quand même les envoyer pour la rentrée de septembre: il faut savoir terminer une tâche, la boucler. Les choses laissées en plan ne font plus parti de ma vie- résolution d'avril-), je vais découvrir une nouvelle facette de ma personnalité.

D'autres habitués, d'autres portes, d'autres petits riens.

Aucun commentaire: