lundi 31 décembre 2012

L'esprit d'enfance


[...]
   Garder l'esprit d'enfance n'est pas seulement un privilège. C'est aussi une blessure. Se rappeler toujours qu'on a vécu plus fort avant, c'est accepter d'emblée que la vie soit une défaite. La plupart des gens le conçoivent à l'approche de la vieillesse. Martine et moi le pensions à vingt ans, ce qui est plus singulier, je crois.

(Philippe Delerm, Écrire est une enfance, Albin Michel, 2011)

L'amour silence

   
   Amoureux. C'est le premier rendez-vous avec les mots qui manquent. [...]
Dès les premiers instants où nos regards se croisent ainsi, nous savons que nous creusons l'impossibilité de nous rencontrer davantage. Jamais un sourire. Une longue interrogation plutôt, et l'idée partagée qu'il s'agit là d'une rencontre absolue et condamnée. Par orgueil peut-être. Lequel de nous deux pourrait parler après un tel silence?
   Au fil des jours, un renoncement devrait succéder à ce questionnement sans avenir. Mais non. Nous avons besoin d'avancer indéfiniment dans ce mystère-là, qui ne nous promet rien, et nous éloigne. Plus il y a ces regards, et plus les mots deviendraient dérisoires. [...]
   L'amour silence. Je ne fais que découvrir ce pays attirant et douloureux où je vais vivre longtemps. [...]

   Je suis écrivain, là, dans ces phrases que je n'ai pas su prononcer. Non parce que j'ai traversé quelques années l'amour silence, mais parce que ma réponse aura été l'écriture. C'est tellement fort d'être amoureux ainsi. Ensuite... L'écriture est toujours la traduction d'un manque, d'une fêlure, une façon de déplacer les atomes de la réalité. Parmi ces manques, l'amour silence reste une douleur déterminante. Être sûr à la fois que la rencontre qui changerait tout est là, mais qu'elle ne se fera pas en raison même de sa perfection, c'est sentir vraiment le pouvoir des mots, avec la mélancolie de se dire qu'ils viennent toujours trop tard. Plus tard, j'oserai des phrases maladroites, je rencontrerai d'autres filles et rien ne sera parfait. Mais je n'en tirerai pas la conclusion que les absences de rencontre de l'amour silence eussent été pareillement bancales. Celles-là sont à tout jamais parfaites, puisqu'elles n'ont pas connu les mots ratés. Il y a donc des mots à réussir. Des mots que le trop tard invente. Des mots d'amour silence.

(Philippe Delerm, Écrire est une enfance, Albin Michel, 2011)

samedi 15 décembre 2012

Aujourd'hui, en flânant dans les allées de la petite bouquinerie proche du cinéma, je suis tombée sur un nouveau Delerm.
J'ai pensé à ce matin où nous remontions ta rue jusqu'à Mont-Royal. Le temps était si beau. Nous avions quitté l'ombre pour marcher sur le trottoir au soleil.
Plus tard, dans la soirée, tu m'as dit: "Tu es le soleil de ma semaine; quel que soit le trottoir".
Et j'ai soupiré.

Depuis ce jour, je marche le plus souvent du côté du soleil. Avec mon ombre qui me suit.
Et ton absence me semble un peu moins grande.

dimanche 9 décembre 2012

Je sais...

Que nos chemins ne se sont pas croisés par hasard.
Que tu es le soleil de mon hiver, comme tu as été la fraîcheur de mon été.
Que les heures passées près de toi s'étirent délicieusement.
Que la musique de notre amitié jouera longtemps encore.
Que la vie peut-être réellement faite de rires, de complicité, de sincérité et de bonheurs simples.

Et que j'aime ce sentiment plus que tout.

vendredi 7 décembre 2012

J'ai peur...

Que les racines de notre amitié ( si merveilleuse pourtant) ne soient pas assez profondément ancrées pour résister à ces maux mots qui nous assaillent.

jeudi 6 décembre 2012

J'ai hâte...

De retrouver le calme et la simplicité.
La tendresse et la chaleur.
L'écho de ton silence.
Le réconfort de ton regard.
Cette musique qui se composait juste pour nous.
Et ces paroles que nous n'avions pas besoin d’interpréter.

Oui. J'ai hâte.