samedi 22 septembre 2007

si

Si, par hasard, malgré mes promesses aux Dieux et aux étoiles, malgré mes supplications et mes larmes, malgré ma confiance et mon désir sans borne, si malgré tout ça, je ne devais pas embarquer dans cet avion, je prendrais alors le volant d'une décapotable pour oublier.

Mon sac de voyage dans le coffre, je passerais la frontière au petit matin, les cheveux au vent, de vieilles lunettes fumées sur le nez et la musique d'Almost Famous dans les oreilles. Après un bref arrêt aux douanes américaines, seule sur la route, le soleil très bas sur l'horizon, je filerais vers Boston et son océan. J'irais m'asseoir sur le sable ou les quais et laisserais mon regard se perdre au loin, fixer un ailleurs où je ne suis pas, un pays que je n'atteins plus, une vie qui s'éloigne de moi. Je regarderais les goélands s'envoler vers cette terre promise, cette vieille patrie. La terre de ma naissance; celle qui a vu grandir mes ambitions mais qui ne les a pas vues se réaliser. La terre de mes amis; celle de leur quotidien. La terre de ma langue et de ma littérature; celle du connu et du sécuritaire.

Pendant trois jours, je resterais assise là, au milieu des souvenirs et des vacanciers. Et après avoir perdu le fil du temps et senti le vent tomber, j'irais marcher le long de l'eau, regard tourné vers la terre américaine. J'oublierais le cri des oiseaux, les avions et les désirs. J'oublierais ce que je faisais là; ce qu'il y avait derrière le bleu du ciel. Le chemin de Montréal me ramènerait à la réalité. Chaque kilomètre serait une parcelle de ce que je suis devenue en vivant ici, un extrait de mon être. Des kilomètres posés volontairement entre ici et là-bas.

Si, par hasard, je ne devais pas embarquer, bien sûr.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

L'avion ou la voiture, enfin... peu importe, non? Ça nous permet d'aller voir ailleurs, de quitter pour mieux revenir.

Tout de même, j'avoue que j'ai un faible pour aller flairer l'océan du côté de la Nouvelle-Angleterre ;)

Anonyme a dit…

Hé, mais tu vas l'avoir l'avion ! Dis que tu vas l'avoir ! ;)

La Souris a dit…

@ Vertelime: oui, moi aussi, j'irais bien me perdre du côté de la Nouvelle-Angleterre. mais j'ai toute l'année pour cela. dans mon ici et maintenant, je souhaite ardemment retrouver le vieux pays...
@ Anonyme: mon cher, ne soyez pas timide...