mercredi 10 août 2011

Un vieux texte de 2007. Sans suite.

ACTE I

Extérieur nuit. Il est environ 22h57. Bruits et murmures indéfinis. Fenêtre et porte ouvertes sur une grande pièce où quelques personnes s’activent encore. Ou font semblant.

Fondu de lumière.

On découvre deux corps enlacés côté jardin.

BÉRÉNICE. Respire. N’ouvre pas encore les yeux. Garde mon corps contre le tien. Sens toutes les aspérités qui le composent. Sens mon cœur battre. Touche le tissu de ma robe. Froisse-le. Respire l’odeur âcre de la sueur qui coule dans mon cou. Caresse de ta main le maquillage de ma joue. Retire ma cravate, mon chapeau, mes souliers trop grands. Appuie tes deux mains dans mon dos et serre mes poumons. Avale mon oxygen. Ta bouche contre la mienne. Aspire-moi.

Il la repousse brusquement.

Un temps.

Je ne suis plus Franckie mais je ne suis pas encore tout à fait redevenue Bérénice. Pourquoi t’éloigner de moi? De quoi as-tu peur? Profite de cette occasion unique où la magie côtoie le réel; où le soleil brille en pleine nuit; où 1950 se confond avec 1997. Il m’a fallu longtemps pour comprendre que vivre commençait par faire semblant. Imaginer quatre, cinq vies pour en construire une vraie. Mais je vois maintenant la mienne se dessiner à l’horizon. Je n’ai plus peur du vide. Le vide est une notion abstraite; une incohérence. Il ne peut y avoir de vide.

On entend des éclats de voix.

On nous cherche, je crois. (Elle sourit) J’aime à m’imaginer ce qu’ils pensent, à ce moment précis. Cachons-nous un peu plus de la lumière. Il y aura ainsi plus de choses à inventer et moins de choses à dire.

Petite, je cherchais à comprendre l’infini de l’univers. Cela pouvait me tenir éveillée pendant des nuits entières. Je ne saisissais pas le concept. Je ne le comprends toujours pas d’ailleurs. Mais j’ai retrouvé le sommeil. J’ai cessé de me tourmenter. J’ai accepté le fait. Non, je ne pourrai jamais faire le tour de l’univers avec le bout de mon doigt. Et alors?

Aucun commentaire: