lundi 22 août 2016

Souvenir du 13 juin 2010 (Extrait)


Adolescente, je ne plaisais pas aux garçons. J’avais des cheveux longs retenus par un bandana, des bagues, des t-shirt trop larges ou bien des pulls vert fluo en poils de yéti.
J'étais déjà rêveuse et fleur bleue. 
J’allais au collège le cœur battant à l'idée de croiser Brice, Sébastien ou Cédrick. Les fins de semaine, seule dans ma chambre, je désespérais en attendant le lundi matin.
Je m'imaginais des histoires de chevaliers qui viendraient chanter sous mon balcon, me liraient des poèmes, m'apprendraient à patiner ou à conduire une moto. J’oubliais, l'espace d'un instant, que je vivais dans un petit village de banlieue parisienne cerné par les champs de betteraves ou de blé.
J'ai eu une adolescence heureuse, entourée par des amis formidables. Nos rêves devenaient réalité. Nous grandissions en pensant que le monde n'attendait que nous pour tourner et que toutes les merveilles du monde n'étaient qu'à un coin de rue.
Je croyais à l'amour passion ; celui qui dure toute une vie, qui vous transporte, qui vous colle à la peau.
Je rêvais de rencontrer cette personne.
J'avais de grandes aspirations. 
Je voulais être comédienne, parcourir le monde et aimer avec un grand A. Comme dans les films, comme dans les romans. 
Je voulais sentir ce sentiment qui vous enivre, vous fait tourner la tête, vous pousse à tous les excès, vous fait tout quitter sans regarder en arrière.
J'avais une confiance aveugle en ma bonne étoile. Je savais qu'elle mettrait cette personne sur ma route. J’étais prête. En attente.

Mais je n'ai jamais su être très patiente. J’ai toujours été curieuse. J’ai toujours voulu savoir, comprendre, avoir.

Un matin, tu étais là. En avance, comme moi. Sur l'escalier de secours. Les pigeons qui nous embêtaient. Premiers vrais mots échangés.
Et puis, tout s'est enchainé.
Je vois les images défiler devant mes yeux comme ces carnets de dessins qu'on feuillette très très vite et qui nous donnent l'impression de voir un film.
(zoom)
L'exposé à la bibliothèque. Ton doigt sur le bout de mon nez. Les sandwichs de la boulangerie. Tes baisers sur ma joue. Mon inscription pour l'Angleterre. Les bavardages de dernier rang. Mon corps allongé sur mon lit de petite fille, le téléphone qui brûle mon oreille. Les retours en RER, mon carnet sur les genoux, rêvant à ce garçon si gentil que je connais à peine. La salle de danse au rez-de-chaussée de la fac et le bruit de la porte qu'on essaye d'ouvrir mais qui résiste. Tes câlins.
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L'ambassade du Canada. Les couloirs de la Fac et le dossier Erasmus. Tes lettres et tes mails. Mon anniversaire. Un refuge près de toi alors que P. était ivre mort. Le restaurant mexicain. Un banc dans le bois de Survilliers. Une dernière heure dans ma voiture, près de chez toi. Le Champ de Mars et ce qui n'a pas été. La pluie du Champs de Mars. Ta main. Les vendeurs de cartes des Halles. Tes câlins.
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Le nouvel-an. Tes bras autour de moi pour me réchauffer, dans ce vieux lit de grand-mère. Cet instant suspendu, la nuit : tu me portes jusqu’à la table de jardin et tu es à genoux, prêt à me dire quelque chose, mais nous sommes interrompus. Tes câlins.
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Cette discussion MSN avec C. Le coup de fil au milieu de la nuit.
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Les conversations australiennes. Les rêves de venir te rejoindre. La couleur orange de MSN qui clignote. 
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Toi, en bas de mon escalier, ma mère un peu floue derrière. Le trajet de bus pour revenir de chez A. Le dernier verre sur le futon bleu, pêle-mêle. Le soleil et la simplicité de la vie cette semaine-là. Tes baisers, si longs, si doux, si près de mes lèvres. Comme si.... La musique à La Tulipe et cette évidence quand on danse. Ces 15 minutes de danse aussi en Islande. Définitivement cette évidence. Et toujours, toujours, tes câlins. Beaucoup trop longs, trop doux, trop tendres.

Alors bien sûr, il y a tous ces moments "awkward".
Les vendeurs de cartes des Halles. Le RER avant l'Australie. Ma main sous ton T-shirt en Islande et ton corps qui se sauve. Mes départs dignes des plus grandes tragédies. Mon comportement hyper possessif et jaloux. Et bien d'autres.

Et puis, il y a aussi tous ces "ratés" comme je les appelle.
Le cours de Voix et Mouvements. L’Angleterre. Le quai du RER. Le premier nouvel-an. 
Et tous ces autres week-ends où j'ai voulu te dire, te parler, t'expliquer. 

Bon, alors, je comprends, c'est un peu épeurant tout ça, écrit là, juste comme ça, devant toi.
J'avais cependant besoin de l'écrire. Car ce que je ressens (de mon point de vue du moins) n'est pas fondé sur rien. 
Bien sûr, tous ces instantanés Kodak ne te disent probablement rien. Ils appartiennent à ma mémoire. À ce que je veux voir de nous.
Mais j'avais besoin que tu comprennes un peu mes égarements, mes coups d'éclats, mes moments proches de l'hystérie.

La personne que j'attendais à 15 ans, celle que j'espérais, je l'ai trouvée, tu comprends. 

*

Je suis heureuse, car finalement, j'avais raison. Tu étais bien cette personne là. Le sentiment qui nous lie maintenant n'est pas, et n'aura jamais été, cet amour-passion dont les romans et les téléséries américaines m'avaient tant parlé. Mais il est en fin de compte beaucoup plus fort que ça. Il m'aura fallu 15 ans pour le comprendre, le laisser mûrir. Et c'est avec un profond contentement que je peux enfin l'apprécier à sa pleine valeur. 

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis tombé sur ton blog par hasard. Ce texte m'a beaucoup touché, il est très sincère et intime. Ne perd pas ta passion pour l'écriture, tu as du talent à mon sens! Je te souhait plein de jolies choses avec lui :)

Ben

Maxime a dit…

Salut. Drôle de façon de me présenter mais voici tout de même. Un de tes contacts FB m'a tagué pour être votre photographe de mariage. Champêtre, mariage passe mariage. Lol. J'ai rien ce post de toi pour commenter car le 13 juin c'est mon anniversaire. Je t'invite à visiter mon portfolio ici : www.MaximeGoussePhoto.com/mariage. Mon trip en photo c'est de créer qqe chose de nouveau à chaque fois. Bref, j'aimerais beaucoup jaser avec vous pour voir si il y a un fit. Écris moi à maxime@maximegoussephoto.com.