mercredi 1 août 2012

Sand et Musset venaient de vivre une aventure merveilleuse, depuis la délicieuse et tendre amitié nouée au printemps, jusqu'à ces derniers mois de passion. Le jeune homme avait, Don Juan superbe de vingt-trois ans, triomphé des premières et sages promesses de camaraderie, éloigné peu à peu les familiers, vaincu les résistances d'un cœur qui aspirait plus à l'amitié affectueuse qu'à la passion. C'était le rêve de ses dix-sept ans, ceux de Cogners et du Mans, qu'il réalisait enfin, après avoir un temps douté de l'amour. Elle, était pleinement heureuse, encore émerveillée de cet emportement d'adolescent dont elle n'avait pas eu idée jusqu'à ce jour, surprise de n'avoir pas souffert et d'avoir pu s'écrier : "...Cet amour que je ne connaissais pas s'est révélé à moi sans aucune des douleurs que je croyais accepter." Il y avait de quoi enivrer les amants les plus passionnés. Un tel bonheur sans orage pouvait déjà suffire à meubler les rêves d'une vie entière. Et dans leur esprit ce n'était encore qu'un prologue.

(André Villiers, La Vie Privée d'Alfred de Musset, 1939)

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